Descendre sur ses genoux

Descendre sur ses genoux

Hibou, pou, caillou.

Les premières fois, je n’osais pas. Je me disais que j’allais déranger, que j’allais trop dénoter avec mon short de plouc face à leurs habits marigold. Depuis quelques séjours, j’ose, mais sans pour autant aller jusqu’à porter ces pantalons imprimés avec des motifs d’éléphants que tant d'étrangers ignares arborent en pensant qu’ils vont faire local.

Attiré comme un insecte par une flamme, je m’approche du lieu. Mes genoux devraient être couverts, mais j’y vais quand même en tirant sur l’ourlet de mes bermudas comme une adolescente qui n’assume pas la longueur de sa jupe. Me déchausser ne suffira pas pour marquer mon respect. Faire une donation ne me couvrira pas d’or comme l’immense représentation de Bouddha qui trône au centre de cette bâtisse plusieurs fois centenaire. Son regard mi-clos m’observe déjà, c’est certain. « Tu t’es vu? », me dit-il. « Tu t’es vu suintant, le t-shirt collant, avec ton bronzage-chaussettes et tes piqûres de moustique turgescentes? »