Guirlande kenyane
Contrairement à moi, Charlie savait très bien que ces brins qui dodelinaient à l’entrée du ranch ne formaient pas une guirlande artisanale qui aurait été montée là pour égayer les fêtes. Pour tout dire, je ne savais même pas que l’on pouvait trouver un ranch au milieu d’une propriété de trente-cinq mille hectares au cœur de la savane kenyane, donc la présence de guirlandes me paraissait encore plus improbable. Charlie savait, mais trop occupé à veiller sur notre confort et à la réussite de notre sortie du premier janvier, il ne s’était pas assez baissé lorsque nous sommes passés sous les fils. À leur contact, le choc fut immédiat, suivi d’un second lorsqu’il est tombé brutalement de sa selle dans un bruit sourd et un nuage de poussière rouge. À cet instant, il savait désormais ce que pouvaient ressentir les éléphants égarés qui cherchaient parfois à visiter les étables pour y trouver de la nourriture facile. Sonné, Charlie se tenait la main en faisant mine de ne pas avoir mal, sans doute pour garder sa dignité de gérant responsable d’un établissement hôtelier en plein milieu du Kenya. Olivia sauta de sa selle et accourut à ses côtés. Nous, les invités ignares fraîchement arrivés de nos commodités urbaines, sommes restés inutiles sur nos selles où nous avions eu tant de peine à monter.